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Grande Europe

20 octobre 2006

APPEL

de l'Atlantique à l'Oural

Appel à réveiller l'Europe

L'avenir de l'Europe passera par l'Ukraine! Le pays de la révolution orange devient un point de jonction entre Bruxelles et Moscou. C'est une chance pour les peuples d'accélérer l'histoire en créant une Grande Europe citoyenne!

L'Ukraine aujourd'hui se retrouve dans une drôle de position: ni à l'Est, ni à l'Ouest. Le résultat des élections législatives du 26 mars semble avoir confirmé la politique d'ouverture née de la révolution orange. La société civile ukrainienne a pris sa destinée en main. Même divisés, les principaux acteurs de la révolution d'il y a un an peuvent prétendre à conserver le contrôle du pays face à des adversaires pro-russes ayant pourtant réalisé les meilleurs scores individuellement. Une alliance Timochenko, Iouchtchenko et socialistes leur procurerait la majorité absolue au parlement (Rada). Les désillusions de nombre de citoyens ukrainiens de ces derniers mois ne sont donc pas suffisantes pour les pousser à se réfugier dans les bras du voisin moscovite. L'histoire est en marche et rien en semble devoir désormais entraver l'émergence d'une nouvelle voie dans cette partie du monde, logée dans un espace qu'il reste à créer entre Bruxelles et Moscou. Le prochain gouvernement aura à défricher une partition tout à fait inédite sur la scène internationale et l'on peut compter sur la pugnacité de Ioulia Timochenko pour revendiquer une identité propre. Avec toutes ses disparités et ses contrastes, la nation ukrainienne va maintenant en finir avec son apprentissage accéléré de l'histoire du XXe siècle et - malgré la profonde casse que cette transition engendre dans tout le pays - inciter l'Europe à se propulser enfin dans le XXIe siècle en bousculant l'organisation moribonde du continent.

Cela a été dit haut et fort, comme pour mieux se bercer dans l'illusion d'un choix courageux et raisonnable. L'Union européenne n'est pas prête à tracer une feuille de route à l'Ukraine et préparer son adhésion. C'est déplorable à plusieurs titres. D'abord parce que les élites de Bruxelles n'ont de cesse à comparer la situation ukrainienne à la question turque, aussi absurde que cela puisse être. Ces deux pays entretiennent certes des relations fortes d'échanges, mais il n'existe aucun motif pour subordonner l'avenir de l'un à celui de l'autre, si ce n'est une pure question de calendrier diplomatique. La population des pays de l'Union est favorable à une adhésion de l'Ukraine, pays dont le caractère européen ne souffre d'aucune contestation possible. Dès lors, l'on ne peut qu'amèrement regretter la position effrayée de l'Union européenne qui n'est qu'une démonstration supplémentaire des technocrates et même des députés de l'UE de leur totale incompréhension de l'aspiration des peuples. Désorientés par le refus du projet de constitution, ils semblent être saisis d'une sorte de paralysie. Incapables de comprendre la volonté de la population, ils se recroquevillent ainsi avec détermination sur l'idée de devoir reconstruire l'organisation même de l'UE avant de se projeter dans tout nouveau débat d'avenir. Les problèmatiques de gestion à vingt-cinq après l'intégration des PECO prennent l'ascendant sur les questions politiques alors que c'est justement ce que réclament les citoyens! L'Europe se trouve en panne sèche du fait d'une déconnection absolue entre les peuples et ses élites. Et cette fracture ne fait que s'accentuer, neutralisant tout espoir d'initiative. Finalement, la question de l'Ukraine n'est rien de plus qu'un cruel révéltateur car elle exige de savoir rebondir en imaginant l'avenir, en considérant enfin cette Europe comme étant un espace de vie citoyenne et non seulement un marché.

Une formidable opportunité s'offre donc, par défaut, à l'Ukraine. Le pays est en passe d'occuper une place centrale au niveau géopolitique sur le continent européen. Ses liens étroits hérité du passé avec la Russie et son rapprochement de l'Union euroépenne lui confèrent une position extrêmement enviable en n'étant finalement rien de moins que l'Etat fédérateur d'une nouvelle entité qu'il faudra de toute façon songer à bâtir dans les prochaines décennies: la grande Europe. L'Union européenne seule ne pourra résister à la pression internationale avec la poursuite du développement des nations émergentes telles que la Chine et l'Inde. Malmenée par la puissance économique américaine, l'essor technologique nippon puis la vitalité de l'économie coréenne, l'Union européenne devra se trouver de nouveaux alliés pour atteindre une dimension susceptible de lui préserver une identité. A ce titre, l'intégration des PECO était nécessaire mais ne suffira pas.

De son côté, la Russie devra également compenser la perte de ses territoires satellites. Le cas de la Bélarussie a permis de démontrer que Moscou préserve son influence à ses frontières, mais les vélléités de liberté exprimées par le peuple bélarusse lors des présidentielles de mars finiront tôt ou tard à faire tomber cette dictature anachronique, vestige d'un autre temps. Ce n'est qu'une question de temps. Viendra alors le moment d'effectuer un rapprochement franc entre Moscou et Bruxelles, idée qui a d'ailleurs déjà été amorcée puisque les initiatives de collaboration se multiplient dans les discours.

Les générations actuelles ne verront peut-être pas ce grand dessein se réaliser, faute à l'homme de savoir dépasser l'horizon de sa propre existence pour se projeter dans le sens de l'histoire. De tout temps il a fallu des leaders d'exception pour oser bousculer l'ordre établi des choses et proposer un projet visionnaire. La grande Europe n'est pourtant pas une idée récente. C'est celle de l'Atlantique à l'Oural. Peu d'acteurs réussissent pourtant outrepasser la bienséance diplomatique pour défendre sur la place publique une telle ambition, certes vaste mais terriblement humaine. Sauf que cette utopie est devenue nécessaire à l'heure de la mondialisation. Il est peut-être temps de réveiller l'Europe et sa jeunesse pour entreprendre cette construction d'avenir.

J'en appelle à toutes les personnes de bonne volonté, jeunes et anciens, habitant des pays de l'Union européenne et de l'extérieur, pour réaliser ensemble ce vaste projet de vie...

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18 octobre 2006

Défintion

Grande Europe - définition (Wikipédia)

Le terme de Grande Europe est utilisé par certains géographes pour désigner le territoire de l'Europe comprenant tous les pays ayant une partie de leur territoire dans le continent.

La Grande Europe comprend :

Albanie, Allemagne, Andorre, Arménie, Autriche, Azerbaïdjan, Belgique, Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Chypre, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Géorgie, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Kazakhstan, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Macédoine, Malte, Moldavie, Monaco, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Saint-Marin, Serbie-et-Monténégro, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Tchéquie, Turquie, Ukraine, Vatican.

Cet ensemble géographique représente une superficie d'environ 26 600 000 km2 et une population de 820 000 000 d'habitants environ. Il comprend au total 48 Etats, dont plus de la moitié (27 au 1er janvier 2007) adhèrent à l'Union Européenne.

18 octobre 2006

delors-havel

La Grande Europe vue par Jacques Delors et Vaclav Havel

http://www.ena.lu : Le 1er février 2001, Vaclav Havel, président de la République fédérative de Tchécoslovaquie de 1990 à 1992, puis de 1993 à 2003 de la République tchèque, et Jacques Delors, président de la Commission européenne de 1985 à 1995 débattent sur le modèle de coexistence des États-membres de l'Union européenne.
Source
HENARD, Jacqueline; VERNET, Daniel, "La Grande Europe vue par Jacques Delors et Vaclav Havel", dans  Le Monde. 01.02.2001,  p. 16.

Il a fallu attendre plus de dix ans après la chute du communisme pour que l'Europe amorce les pas décisifs vers sa réunification. L'ancien dissident tchèque devenu chef de l'Etat et l'ancien président de la Commission pensent tous deux que la Grande Europe ne doit pas imposer sa civilisation mais proposer un modèle de coexistence et de responsabilité

Il y a presque dix ans, à Paris, vous avez prononcé un discours sur l'attente et la patience. Les préparatifs de l'adhésion à l'Union européenne entrant dans une phase active, avez-vous le sentiment que la longue attente se termine et que la réunion de l'Europe est proche ?

Vaclav Havel: Dans l'histoire, rien ne se passe comme prévu. Parfois on attend longtemps. Cela a été le cas avant que ce projet touche enfin irréversiblement à son terme.

Jacques Delors: Le président Havel avait dit: «J'ai cru que le temps m'appartenait, c'était une erreur.» Et il ajoutait: «Personne n'est maître du temps.» Mais vous avez dit aussi que le temps de la patience est celui de la construction. Pendant ces années, nous aurions pu mieux faire entre l'Est et l'Ouest. Tout de même, cette patience nous amène enfin à construire ensemble une Europe réunifiée. C'est sans doute le projet le plus enthousiasmant depuis la réconciliation entre l'Allemagne et la France après 1945.

V. H.: Ce peut être - rien n'est jamais sûr - le projet le plus important dans l'histoire européenne telle que nous pouvons l'appréhender. L'Europe a toujours été une unité, mais dans le passé, l'ordre européen a été dicté par les puissants, aux dépens des petits. L'Union européenne constitue la première tentative d'organisation du continent sur la base de l'égalité, du respect de l'identité de l'autre, de la vérité. C'est une chance historique.

J. D.: Le défi principal, comme l'a dit souvent Vaclav Havel, est de nature éthique. Cependant, je voudrais modestement rappeler que nous avons construit l'Europe à partir de la nécessité: d'une part la réconciliation entre les nations qui plongeaient l'Europe dans une guerre civile permanente, d'autre part l'adaptation de nos économies à la puissance américaine. Cette base est vitale, même si elle n'est pas l'essentiel. J'espère qu'en 2020 les historiens pourront dire: la Grande Europe a réussi à créer un espace de paix et d'entente entre les peuples et elle a inventé un système conciliant la liberté (en économie, le marché) avec le minimum de régulation nécessaire. De telle sorte que nous puissions être une matrice exemplaire pour le village global que sera devenu le monde.

V. H.: Le monde est devenu une seule civilisation composée de plusieurs ensembles qui doivent coopérer sur un pied d'égalité. L'Europe constitue l'un de ces ensembles. Après la guerre, l'Europe a dû se redéfinir par rapport aux Etats-Unis. Aujourd'hui, elle doit faire de même vis-à-vis de la Russie, qui est une grande entité euro-asiatique, de l'Afrique, etc. Dans le passé, l'Europe a exporté des guerres dans le monde entier ; elle essayait de gouverner des continents et les forçait à s'adapter à sa civilisation. Maintenant elle devrait au contraire être un exemple de coopération et de respect mutuel. Une idée force traverse la tradition intellectuelle de l'Europe, celle de la responsabilité pour le monde. Cette idée peut s'imposer sans que l'Europe oblige quiconque à la suivre.

J. D.: J'ai commencé par la nécessité économique, parce que la tâche la plus redoutable pour un responsable politique est de combiner la puissance et la générosité. La générosité sans la puissance ne va pas loin, à moins d'être un disciple de Gandhi. Et si cette Union européenne est bien imparfaite, elle n'en est pas moins le premier pourvoyeur d'aide au développement. Je suis donc parfaitement d'accord avec vous: la mission de l'Europe ne sera jamais plus ni de gouverner le monde ni d'y répandre par la force sa représentation du bonheur et du bien... Elle consiste à ressusciter et projeter ses meilleures traditions spirituelles. La question est de savoir comment y parvenir, c'est-à-dire comment dépasser les bases matérielles de la Grande Europe.

Il y a un fossé entre cette vision éthique et le vécu quotidien de l'Europe. Quand vous voyez les marchandages du Conseil européen de Nice, par exemple, qu'est-ce qui vous rend si optimistes pour ce grand projet de civilisation ?

V. H.: Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve. Je ne sais pas si l'Europe va bien ou mal tourner. Je ne sais pas comment cette planète va finir. Je n'ai jamais été optimiste, si vous entendez par là avoir la certitude que tout finira bien. Ni pessimiste. L'avenir est ouvert. Il y a des indices dans toutes les directions. Il faut toujours oeuvrer pour encourager l'espoir. Et je crois que la situation actuelle de l'Europe est porteuse d'espoir, même après Nice. Parce que des mesures ont été prises pour mettre un terme aux réticences politiques vis-à-vis de l'élargissement. L'Union européenne sait que l'élargissement est dans son intérêt propre et dans l'intérêt général, et qu'on ne peut pas l'ajourner indéfiniment.

Concrètement...

V. H.: Concrètement, l'Union européenne vient de manifester sa solidarité avec deux citoyens tchèques qui sont en prison à Cuba sans avoir commis le moindre crime. Et pourtant, nous ne sommes pas encore membres de l'UE.

J. D.: Il faudrait citer beaucoup d'autres exemples pour montrer que, comme je le ressens, toute l'Europe forme une famille. De ce point de vue, après Nice, plus personne ne peut opposer un préalable à l'élargissement. En revanche, comment ne pas être déçu par le reste des conclusions, par l'absence de vision commune et par l'inadéquation de la méthode. Nous avons deux ou trois ans pour retrouver les moyens d'un fonctionnement plus efficace, plus simple et plus transparent. En attendant, je souhaite que les Européens se retrouvent plus souvent tous ensemble, à vingt-sept, et pas seulement pour parler de l'acquis communautaire. Pour s'écouter les uns et les autres et entendre ce que les pays d'Europe centrale et orientale ont à nous dire, de leurs traditions et de leurs expériences.

A la demande de la France, toute référence chrétienne a été supprimée dans la Charte européenne des droits fondamentaux. Jacques Delors a protesté, avec d'autres. En tant que président de la République tchèque, le regrettez-vous aussi ?

V. H.: Je ne sais pas. J'estime seulement que, dans les conditions démocratiques et pluralistes où nous vivons, il n'est pas possible de se référer explicitement à des traditions religieuses dans un document aussi fondamental. Les valeurs en soi sont importantes et les valeurs essentielles sont dans la Charte.

J. D.: Il faut mettre les points sur les «i». Je n'ai jamais dit: l'Europe sera chrétienne ou ne sera pas. Pas plus que je n'ai jamais dit, contrairement à d'autres, l'Europe sera social- démocrate ou ne sera pas. L'Europe est au-delà de ces définitions simplistes. En revanche, j'ai condamné le fait que l'on ne mentionne pas dans les héritages de l'Europe, parmi d'autres apports, l'héritage religieux. Car c'est un fait historique.

V. H.: L'Europe va se développer au-delà de la Charte et au-delà de Nice. Elle sera constituée par un ensemble original, un ensemble d'Etats qui, pour coexister, auront besoin tôt ou tard d'une Constitution. Un texte simple, intelligible, grâce auquel tout un chacun pourra saisir comment elle fonctionne. Afin que cesse la division entre le petit groupe des euro-experts et la grande masse des euro-analphabètes. La Charte pourrait être le préambule de la future Constitution. D'abord, on formule les valeurs et après on parle des institutions. Pour que tout le monde comprenne bien que les institutions sont le fruit des valeurs citées en préambule.

Vous devez convaincre Jacques Delors que l'Europe a besoin d'une Constitution...

V. H.: Je le fais volontiers. Il y a un an environ, j'ai demandé à mes collaborateurs les documents définissant le mode de fonctionnement de l'Union. Ils m'ont apporté une valise avec tous les traités, les amendements, les compléments et les ajouts... Elle se trouve encore dans mon bureau. En examinant ces documents, j'ai compris qu'ils n'étaient pas destinés à un enfant de l'école élémentaire. Ils représentent un travail énorme, précieux. Mais dans un an ou dans cinq ans, il faudra transposer ce monceau de textes dans une Loi fondamentale compréhensible par tous. Bien sûr, il y a des gens plus au fait que moi de cette situation, comme Jacques Delors qui connaît l'Union de l'intérieur, alors que moi, je l'observe de loin.

J. D.: Pour rester sur la ligne de défense avant d'attaquer, je dirais que les projets émanant de la Commission étaient beaucoup plus simples que ceux adoptés par les chefs d'Etat et de gouvernement, notamment à Maastricht. J'ajouterais qu'un bon traité est préférable à une mauvaise Constitution; je l'ai toujours dit. Entre-temps, cependant, de bons arguments en faveur d'une Constitution européenne ont fait surface: par le biais du débat sur la Constitution, les citoyens européens pourraient être amenés à s'intéresser à l'Europe. Tout le monde devrait y participer. Pas seulement les gouvernements, les partis politiques et les Parlements. Mais aussi la société civile, les partenaires sociaux, les intellectuels... Il faut décider ensemble ce que nous voulons faire ensemble, et selon quelles règles nous voulons vivre ensemble. Si le débat constitutionnel ouvre la voie à la formation d'une opinion publique européenne et propose une pédagogie de la démocratie, alors je suis d'accord. Mais une Constitution, ce n'est pas mettre bout à bout la Charte et les traités actuels.

Que deviennent les Etats-nations dans l'Europe de demain ?

J. D.: Il faut faire attention. Dans l'esprit de certains, la Constitution européenne implique la disparition des Etats-nations. Ce serait une erreur historique. Nous devons construire une Fédération des Etats-nations. Ceux-ci ont encore un rôle à jouer pour assurer la cohésion sociale et servir de lien entre la base et le sommet.

V. H.: Il va de soi qu'il faut respecter la souveraineté et l'identité non seulement de chaque nation et de chaque Etat mais aussi de chaque région, de chaque groupe de citoyens, de chaque tendance, de chaque classe sociale. Mais je crois qu'il y a une confusion idéologique et conceptuelle: d'un côté, la Fédération n'abolit pas les Etats- nations; de l'autre côté, un traité ne suffit pas à réunir des Etats à moins de se contenter d'une espèce de conglomérat. L'évolution actuelle de l'Europe va vers la formation d'une entité politique originale, ni une Fédération dans le sens traditionnel, ni une simple alliance. En 1991, François Mitterrand est venu à Prague avec l'idée d'une Confédération. Lancée en 1989, cette idée, quelque peu ambiguë, n'a pas pris. Il faudrait donc que les politologues inventent une catégorie nouvelle.

J. D.: Je me souviens que vous êtes venu me voir à Bruxelles, car vous ne voyiez pas très clair dans le projet de Confédération. A juste titre. Le projet était mal présenté et à Prague, en 1991, il a fait l'objet d'une fin de non-recevoir. Revenons à l'essentiel de l'idée présentée par François Mitterrand: il fallait, par un geste rapide après l'écroulement du communisme, démontrer que les pays qui sortaient à peine de la nuit totalitaire étaient des membres de la famille européenne. Ensuite, il faudrait du temps pour adapter les institutions, les lois, les économies. Personnellement je regrette que sous cette forme-là, cette idée n'ait pas été mise en oeuvre. Heureusement que, à Nice, on a déblayé la voie pour l'élargissement, sinon je craindrais que les peuples qui frappent à la porte finissent par se lasser et même par se rebeller contre cette Europe, à la fois riche et arrogante.

Monsieur le Président, après dix ans d'attente à la porte de l'Union, ne regrettez-vous pas que la Confédération n'ait pas vu le jour à Prague, en 1991 ?

V. H.: Quand j'imagine la Grande Europe de 2010 ou 2015, je pense que le terme de confédération est le plus adéquat. Bien qu'il soit aussi parfois imprécis. Pourquoi ça n'a pas marché voilà dix ans ? L'idée était intéressante, éthiquement. Mais elle n'était pas suffisamment préparée ; elle n'avait pas le soutien politique indispensable. Les nouvelles démocraties la considéraient comme une sorte d'ersatz, comme une proposition fallacieuse pour ajourner l'adhésion. Nous pensions: l'Europe riche restera entre elle et nous, nous serons relégués dans une confédération pour que nous nous tenions tranquilles.

Ne pensez-vous pas qu'avec la Grande Europe d'une part, une avant-garde d'autre part, on aboutira à la même situation, à la même division ?

V. H.: Pour l'avenir, je peux envisager qu'il existe un noyau d'Etats coopérant plus étroitement que l'ensemble. Je n'y vois pas d'inconvénient à condition que ce groupe demeure ouvert. Vue de loin, cette formule peut rappeler l'idée de la confédération. Mais la situation est différente. A l'époque, nous imaginions, naïvement, une entrée rapide dans l'Union. Et nous nous inquiétions de la méfiance que nous sentions à l'égard du monde postcommuniste. C'est pourquoi la confédération nous semblait une voie de garage.

J. D.: La confédération de 1991 présentait deux inconvénients: elle incluait la Russie et ne disait rien des Etats-Unis. Et, en même temps, elle aurait englobé des questions économiques de la compétence de la Communauté européenne. Ceci explique les réserves des Etats d'Europe centrale et orientale. En revanche, une avant-garde ouverte peut permettre de concilier l'élargissement le plus rapide possible et la poursuite de l'intégration. Si cette avant-garde voyait le jour au moment où la République tchèque adhère à l'Union européenne, elle pourrait dès le lendemain faire partie de l'avant-garde, si elle le veut et si elle le peut. C'est vrai des nouveaux comme des anciens Etats- membres: s'ils le veulent et s'ils le peuvent.»

PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUELINE HENARD («DIE ZEIT») ET DANIEL VERNET

9 septembre 2006

Quelles frontières pour l'Union ? Où s'arrêtera

Quelles frontières pour l'Union ?

Où s'arrêtera l'Union européenne ? D'élargissement en élargissement, parviendra-t-elle un jour à se donner des frontières fixes ? Fondée par six Etats, elle en rassemble aujourd'hui vingt-cinq, mais s'apprête à en accueillir d'autres, ce qui pourrait en porter le nombre, dans une dizaine d'années, à trente-cinq et plus. Peut-elle ou doit-elle aller plus loin encore et s'étendre vers le Caucase, le Proche-Orient, le Maghreb ?

Ces questions sont posées, et c'est en partie parce qu'elles n'ont pas reçu de réponses satisfaisantes que les électeurs, en France et aux Pays-Bas, ont dit non au traité constitutionnel.

Nombre d'entre eux se sont inquiétés des effets de l'adhésion de dix nouveaux membres, dont huit anciens pays communistes, en 2004, et se sont insurgés contre l'entrée future de la Turquie, avec laquelle les négociations commenceront le 3 octobre. Entre-temps, la Bulgarie et la Roumanie doivent rejoindre l'Union en 2007. De leur côté, les pays de l'ex-Yougoslavie, ainsi que l'Albanie, se préparent et l'Ukraine, fortement soutenue par la Pologne, frappe aux portes.

Et après ? Pourquoi pas la Moldavie et la Biélorussie ? Pourquoi pas la Géorgie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan ? Pourquoi pas la Russie ? Pourquoi pas Israël et la Palestine ? Pourquoi pas le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Libye ? L'énumération donne le vertige. La machine à élargir paraît s'emballer au fil des années, donnant naissance à cette "Europe sans rivages" appelée naguère de ses vœux par l'économiste François Perroux.

On attend avec curiosité le débat sur les frontières de l'Europe dont le président de la Commission, José Manuel Barroso, a souhaité l'organisation pendant la "période de réflexion" que s'est accordée l'Union après le rejet du traité constitutionnel en France et aux Pays-Bas.

Officiellement l'Union est ouverte à tous les Etats européens qui remplissent les critères de Copenhague, appelés ainsi parce qu'ils ont été fixés dans la capitale danoise en 1993. Ces critères concernent le respect des droits de l'homme, des libertés publiques, de l'Etat de droit, de l'économie de marché, c'est-à-dire les différentes exigences qui caractérisent le système démocratique en Europe occidentale. A ces exigences imposées aux pays candidats s'ajoute une condition qui s'applique à l'Union elle-même : sa capacité à assimiler de nouveaux membres tout en maintenant l'élan de l'intégration.

Cette condition, quelquefois oubliée, a été rappelée avec force par la politologue Sylvie Goulard, ancienne conseillère de Romano Prodi, l'ex-président de la Commission, dans son essai contre l'adhésion de la Turquie, Le Grand Turc et la République de Venise (Fayard, 2004).

Ce qui reste le plus incertain dans l'interprétation de ces principes, c'est la notion d'Etat européen. L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, organisation intergouvernementale distincte de l'Union européenne, s'est risquée à une telle définition en 1994. Elle a estimé que "ne peuvent en principe devenir membres du Conseil de l'Europe que des Etats dont le territoire national est situé en totalité ou en partie sur le continent européen et dont la culture est étroitement liée à la culture européenne" . Notant que "les frontières de l'Europe n'ont jusqu'à présent pas été fixées avec précision en droit international" , elle a souligné que le Conseil doit "se baser en principe sur les limites géographiques de l'Europe généralement acceptées" .

Elle a toutefois ajouté que, en raison de leurs liens culturels avec l'Europe, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie "auraient la possibilité de demander leur adhésion à condition qu'ils indiquent clairement leur volonté d'être considérés comme faisant partie de l'Europe" . Le statut de ces trois Etats a été longuement discuté : d'abord exclus, ils ont été repêchés, encyclopédies à l'appui. En revanche, le Kazakhstan, le Turkménistan, l'Ouzbékistan n'ont pas été retenus. De même les Etats des rives est et sud de la Méditerranée ont été explicitement écartés.

En application de ces critères, le Conseil de l'Europe compte aujourd'hui quarante-six membres, parmi lesquels la Turquie, la Russie, l'Ukraine, la Moldavie, les Etats des Balkans, mais aussi ceux du Caucase. Il ne comprend aucun pays du Maghreb ni du Proche-Orient. Le Conseil de l'Europe, en raison de son mode de fonctionnement intergouvernemental, est certes plus accueillant, par nature, que l'Europe communautaire, mais sa délimitation de l'espace européen pourrait également, si les circonstances s'y prêtent, être adoptée par l'Union.

Le paradoxe de l'Europe unie est qu'elle ne peut renoncer à s'assigner des limites territoriales mais qu'elle ne peut pas non plus les définir clairement par avance. "Il semble bien que l'Europe de la construction européenne soit condamnée à rester ambiguë par rapport à la géographie, qu'elle ne puisse se penser sans frontières mais que ces frontières soient condamnées à rester mouvantes et contradictoires" , écrit le politologue Pierre Hassner (La Terreur et l'Empire, Seuil, 2003).

La géographie de l'Europe n'est pas seulement l'affaire des géographes, elle est aussi, et surtout, celle des politiques.

Thomas Ferenczi

Source : http://www.lemonde.fr

15 mai 2006

les veaux et les vaches

La France renonce au débat sur les frontières de l'Europe

A un mois du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, la France expose, dans un document remis aux Vingt-Cinq, ses vues sur l'élargissement.

Le débat sur les frontières de l'Europe n'aura pas lieu cette année. Un an après le non français à la Constitution, la France renonce à imposer ce sujet au Conseil européen de juin. «C'est un problème sans solution, donc un débat inutile, explique un diplomate français à Bruxelles. Pour éviter le sentiment de fuite en avant incontrôlée, nous devons plutôt mettre en valeur le pilotage politique du processus.» Dans un document de travail daté du 12 mai 2006, qui sera présenté aujourd'hui aux ministres des Affaires étrangères de l'Union, la France expose ses vues sur l'élargissement à un mois du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement. Les premières lignes sont élogieuses. «L'élargissement est une chance historique pour l'Europe, qui contribue à assurer la paix, la sécurité, la stabilité et la démocratie», indique le texte, rappelant que l'entrée de dix nouveaux pays le 1er mai 2004 fut «une réussite remarquable». Le document insiste également sur la nécessité de «respecter les engagements pris» par le Conseil européen vis-à-vis des pays candidats, sans nommer les Balkans et la Turquie.

Ce document a été accueilli avec soulagement par les Britanniques et les pays de l'Est, qui redoutaient un pamphlet anti-élargissement reflétant la mauvaise humeur du moment. Sur le fond, ils sont rassurés : le texte français s'inscrit dans la continuité de la politique extérieure voulue par Jacques Chirac, depuis longtemps favorable à l'extension de l'UE y compris à la Turquie. Les bémols français, apparus après le non au référendum, tournent autour de «la capacité d'assimilation de l'Union», un concept vague, remis à la mode par la France et l'Autriche en 2005. «La capacité d'assimilation de l'UE revêt plusieurs dimensions : démocratique, institutionnelle, politique et financière», précise le texte. Mieux définie, la capacité d'absorption devra être évaluée par la Commission «à chaque fois qu'est envisagée une nouvelle étape du processus d'élargissement».

Choix politique et stratégique

Cette nouvelle condition sera imposée à la Macédoine et à la Turquie, deux pays candidats qui seront soumis, en outre, à l'obligation constitutionnelle de référendum pour la ratification en France. Malgré cet obstacle français, de taille, les frontières de l'Union restent ouvertes. La géographie n'est pas un critère d'adhésion. L'élargissement demeure avant tout un choix politique et stratégique, soumis au respect de critères techniques évalués par la Commission. Les défenseurs du débat sur les frontières voulaient que le Conseil européen dresse une liste de pays susceptibles d'entrer dans l'Union, afin de montrer du doigt ceux qui n'auront jamais la chance d'en faire partie. Ils n'ont pas été suivis. Hormis la Croatie et la Turquie, qui ont déjà commencé leurs négociations avec Bruxelles, et la Macédoine, qui a vu son statut de pays candidat reconnu en décembre 2005, plusieurs pays candidats à la candidature, comme l'Ukraine, la Géorgie et la Moldavie peuvent toujours tenter leur chance. 

Source: http://www.lefigaro.fr

Voici exactement pourquoi il ne faut pas abandonner le destin de l'Europe aux politiques et aux technocrates. Il suffit que le peuple s'exprime pour qu'ils ne comprennent plus rien et prennent peur au point de neutraliser l'évolution de tout un continent. S'ils sont à ce point dans l'incapacité d'imaginer l'avenir, d'écouter les populations, s'ils n'ont pas le courage d'oser aller de l'avant, si c'est un si gros problème pour eux que de ne pouvoir imposer leurs diktats, alors qu'ils cèdent leurs places car ils ne représentent qu'eux-mêmes et ils desservent les populations pour lesquelles ils sont censés agir!

Messieurs, cessez de trouver des explications nauséeuses, démagogiques et revenchardes à votre faillite intellectuelle. Les Présidentielles, puis le référendum sur la constitution européenne, que faut-il de plus? Aucune leçon n'a été tirée. La fuite en avant, ce n'est pas l'élargissement, c'est l'ampleur de la prétention et de la suffisance de votre illusoire supériorité. Elle vous aveugle. L'honneur d'un homme est de savoir s'effacer quand il devient un obstacle à la cause qu'il dit servir.

De Gaulle avait dit "Les Français sont des veaux". Le problème est que, faute de savoir penser par elles-mêmes, aujourd'hui les "élites" en sont tellement persuadées qu'elles se sont muées en vaches...

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16 avril 2006

frontières

L’Europe et ses limites

Les limites ’’géographiques’’ orientales du continent européen n’ont été longtemps qu’une question de géographie assez académique n’intéressant jamais que des spécialistes. Mais, aujourd’hui, cette controverse est devenue vraiment l’occasion d’un authentique débat politique et géopolitique dans l’opinion publique, entre citoyens. Et ce, pas seulement à cause de la polémique suscitée par la candidature de la Turquie à l’Union européenne...

Un vrai débat entre citoyens

En effet, selon leurs tendances politiques et les représentations qu’ils ont des intérêts de leur propre pays ou des menaces qui l’entourent, nos contemporains invoquent - à propos de tel ou tel État et de son acceptation, ou non, dans l’Union - des arguments qui traduisent en fait plus ou moins clairement des chocs idéologiques et des rivalités de pouvoirs au sein de l’Union européenne, au sein de ses Etats membres et au sein même de nos sociétés.

Un débat passionné, passionnel, sinon passionnant. Car tout découle sans doute d’interrogations profondes quant à la nature du projet européen (civique ou identitaire ?), quant à son projet politique, quant à ses critères d’adhésion et quant à leurs modalités d’application et de contrôle.

Car nombre de nos contemporains semblent aujourd’hui hésiter quant à la pertinence et quant au devenir du projet européen, menacé pour certains de ’’dilution’’ par la ’’menace’’ d’un élargissement sans fin. Un projet européen aujourd’hui à la croisée des chemins : entre la perspective d’une véritable union politique forte (sous des modalités de fonctionnement peu ou prou fédérales) et la perspective d’une seule association internationale (ne recouvrant, en fait, qu’un grand marché libre-échangiste).

Car les Européens ’’de l’Ouest’’ découvrent aujourd’hui bien tard, faute d’un véritable effort pédagogique, que l’intégration d’un pays entraîne - ipso facto - d’autres questions. Et que l’intégration de la Pologne pose désormais celle de l’Ukraine (et qu’à terme elle posera - peut être - celle de la Biélorussie...). De la même manière que celle de la Roumanie posera un jour, sans doute, celle de la Moldavie.

Et, après une éventuelle intégration de la Turquie à l’UE, quels arguments aura-t-on pour refuser l’entrée de l’Arménie, de la Géorgie et - pourquoi pas - celle de l’Azerbaïdjan ? Et voici que les Kazakhs se présentent eux-mêmes comme le peuple le plus oriental de l’Europe ! Bref, en Europe, le ’’confort’’, les certitudes et la cruauté du « rideau de fer » ont désormais cédé la place à des limites poreuses, provisoires et bien incertaines... (page 106).

Un ingrédient de plus dans la crise européenne ?

Ainsi on peut considérer que l’accroissement du nombre des États de l’Union européenne à partir du 1er mai 2004 (et avec le dernier élargissement...) fut le principal argument pour souhaiter que s’établissent, par un Traité constitutionnel, de nouvelles règles de fonctionnement pour l’« Union européenne ».

En effet, il était là implicitement souhaité que ce grand ensemble économique puisse devenir, à terme, une véritable puissance politique. Mais ces perspectives de développement et d’approfondissement de l’UE ont été brusquement stoppées - en mai/juin 2005 - par le rejet, en France et aux Pays-Bas (sous l’effet de problèmes relevant essentiellement de la politique intérieure...), du projet de Constitution européenne.

Cependant, parmi les explications données à l’actuelle crise de l’idée européenne (pages 7 et 8), on rapporte le fait que l’opinion publique soit effectivement mécontente de ne pas avoir été consultée lors de des derniers élargissements de l’UE. La crise de l’idée européenne, provoquée (ou révélée...) par les « non » français et néerlandais, reporte ainsi la question des nouveaux élargissements. Il va donc sans doute falloir attendre plusieurs décennies pour que l’UE englobe l’ensemble des Européens « de l’Atlantique à l’Oural » et ne devienne, aussi, un véritable ensemble politique.

De même, parmi les raisons de la crise de l’idée européenne dans l’opinion publique, on rapporte le fait que l’opinion publique européenne soit, dans l’ensemble, hostile à l’adhésion d’un État musulman qu’elle perçoit comme étant ’’extérieur’’ à l’Europe : la Turquie. Même si, comme le rappelle très justement Stéphane Yerasimos (chercheur stambouliote et citoyen turc effectivement d’origine grecque, décédé l’été dernier...) : ’’la question n’est pas de savoir si la Turquie a été ou non depuis toujours européenne, mais de décider si on souhaite, si on a intérêt, de part et d’autre qu’elle le soit’’ ou le devint (page 79).

Et ce même auteur de pointer du doigt les principales raisons qui apparaissent, à ses yeux, les plus défavorables à l’actuelle candidature turque. Il s’agit là moins d’un ’’islamisme’’ qu’il perçoit comme résiduel et -somme toute- politiquement peu influent dans la vie sociale et politique turque que surtout d’une ’’mentalité’’ nationale marquée - depuis la ’’révolution kémaliste’’ des années 1918-1923 - par un souverainisme affirmé et par un nationalisme ombrageux : deux traîts de ’’caractère’’ effectivement peu compatibles avec quelque idée européenne éminemment supra- et post-nationale (pages 68-69-70-71).

L’hypothèque russe

Mais c’est là un paradoxe étonnant que de discuter autant de l’éventuelle entrée de la Turquie dans l’UE, alors que l’on ne souffle mot de la Russie, pays pourtant indiscutablement de culture européenne. Puisque ce problème des ’’limites de l’Europe’’ va sans doute aussi se poser, tôt ou tard, pour la grande Russie. Car une Russie convalescente, au territoire moins vaste mais mieux organisé, enfin ’’délesté’’ de ses républiques autonomes musulmanes du Caucase voire de l’espace ’’Oural-Volga’’, pourrait fort bien - demain - raisonnablement demander son entrée dans l’UE : une Europe qui irait alors vraiment de l’Atlantique à l’Oural, sinon le Pacifique...

En effet, pour la majorité des Russes, leur pays est ’’en Europe’’ au moins depuis qu’elle a accès à la mer Baltique (début XVIIIe siècle) et à la mer Noire (fin XVIIIe siècle). Une Europe avec laquelle la Russie partage également la majeure partie de son patrimoine historique et culturel (dont le christianisme, depuis plus de mille ans...). Et une Russie dont l’essentiel de sa population est d’ailleurs de type ’’européen’’ (page 158).

Certes, à la différence des nombreux États qui ont été (ou sont encore...) candidats à l’Union européenne, en raison des avantages économiques qu’ils en escomptent, les dirigeants de la Russie n’envisagent pas -pour le moment, tout du moins- une telle candidature. Et ce, pour ne pas sembler renoncer à la grandeur passée d’une superpuissance de dimension continentale (et à des pratiques politiques, aujourd’hui encore, effectivement fort peu soucieuses de démocratie ou de droits de l’homme...).

D’autant plus que, considérée depuis Moscou, l’UE (principal partenaire commercial avec lequel la Russie partage plus de 2250 km de frontières commune et réalise plus de 50% de son commerce extérieur...) apparaît souvent comme (pages 156-157) la ’’concurrente’’ potentielle d’une Russie qui, aujourd’hui, se rêve souvent encore en termes de grande puissance. Et le pouvoir d’attraction de l’UE sur certains pays de l’ancien ’’Empire’’ (Pays baltes ayant déjà adhéré à l’UE, mais aussi Ukraine, Moldavie, Géorgie, etc) n’est décidément pas, en cette époque des ’’révolutions de couleur’’, pour améliorer les choses... (pages 160-161-162-163).

Mais l’élargissement accéléré, passé et futur, de l’Union européenne pose (et posera) de plus en plus le problème de la Russie en Europe ou à côté de celle-ci. Et de la pertinence d’une éventuelle demande d’adhésion ou de partenariat privilégié de sa part. Et - donc - celui des limites (structurelles et politiques) de l’Union européenne, sinon celles (conventionnelles et géographiques) de notre continent : possible ’’très grande Europe’’ de 720 millions d’habitants et de 23 millions de km², allant depuis l’Atlantique jusqu’au Pacifique (page 204).

Faire le point, en attendant la ’’très grande Europe’’

Dans ce numéro de la revue trimestrielle « Hérodote » (justement dénommée ’’revue de géographie et de géopolitique’’), Yves Lacoste et toute son équipe nous permettent donc ainsi de faire un point exhaustif sur les relations complexes existant aujourd’hui entre l’UE élargie et les pays de son ’’étranger proche’’ : Turquie (Stéphane Yérasimos, comme on vient de le voir...), Israël (Frédéric Encel), Ukraine (François Gouyon et Cyrille Gloaguen) et Russie (Ludovic Royer et Franck Tétart), etc.

L’occasion de faire aussi le point sur ces problématiques territoriales qui impliquent, aujourd’hui, aussi bien l’UE élargie qu’un Conseil de l’Europe lui aussi en crise d’identité (pages 48 à 67), la nouvelle OTAN que l’UEO rénovée (pages 27 à 47). Des problématiques territoriales politiquement déclinées à travers des formules aussi diverses qu’adhésion(s), partenariat(s) privilégié(s) ou diverses politique(s) de voisinage(s).

En tout cas, point commun aux diverses contributions individuelles versées à cet ouvrage : elles soulignent toutes bien la nécessité d’une ’’rationalisation’’ de la Politique extérieure de l’Union européenne afin de lui permettre d’assurer effectivement le rôle bénéfique et stabilisateur qu’elle entend vraiment jouer, aujourd’hui et pour l’avenir, dans les relations internationales.

Intégrer la Russie ? : le point de vue d’Yves Lacoste

A ce titre, Yves Lacoste pointe tout parfaitement du doigt le risque inhérent à la recherche ’’forcenée’’ de limites futures pour l’ensemble européen. Un risque qui n’est - ni plus, ni moins - que celui d’une ’’soudaine restriction de l’idée européenne’’.

C’est pourquoi il nous encourage vivement à réfléchir aux futures modalités d’intégration de la Russie à l’Europe communautaire aujourd’hui en construction. Afin de pouvoir, ainsi, constituer une ’’grande Europe’’ ayant vraiment la taille critique nécessaire pour s’affirmer en tant qu’acteur international. Afin de pouvoir, ainsi, véritablement ’’peser’’ face aux grandes puissances d’aujourd’hui et de demain (Etats-Unis, Brésil, Inde, Chine, etc...). Et pour, ainsi, mieux répondre aux menaces et autres grands défis géopolitiques des temps à venir.

Une faille, cependant, dans le raisonnement de l’auteur : nulle part il ne semble s’interroger véritablement sur les modalités de fonctionnement institutionnel, ni sur les principes politiques, ni sur la raison d’être de cette future ’’grande Europe’’, quelques en soient les ’’limites’’. Il est vrai que ce n’est pas là la raison d’être de la revue « Hérodote » qui a davantage la vocation de parler de géopolitique que de politique tout court.

Osons, néanmoins, apporter un début de réponse à cette question essentielle et fondamentale. Car il y a bien d’autres limites à la construction européenne que celles que lui propose juste la géographie ou que celles que peuvent éventuellement lui imposer ses citoyens (comme ce fut le cas, le 29 mai dernier...) : il s’agit aussi des non moins certaines ’’limites fonctionnelles’’ de ces institutions actuelles qu’il reste à réformer.

Alors, l’Europe unie : pour édifier et consolider la paix, la liberté, la démocratie, pour surmonter les nationalismes et pour apprendre à mieux vivre ensemble. Alors, l’Europe unie, dans la diversité : dans le respect de ses composantes, dans la subsidiarité. Alors, l’Europe fédérale, et si - enfin - on en parlait ?!

Source: http://www.taurillon.org

15 avril 2006

register

If you are agree, if you'd like to do something, to organize an event, to meet other people to live this Europ, an europe for people and not only for economy or trade... Put your email adress with "comment" and tell that you want to do it too!

Si tu es d'accord, si tu veux faire quelque-chose, organiser un événement, rencontre d'autres personnes pour vivre cette Europe, une Europe des gens et pas seulement de l'économie et du commerce... Mets ton adresse Email en "commentaire" en disant que tu veux aussi le faire!

Thanks

Merci........................

14 avril 2006

7 мечтаний

7 мечтаний для Большой Европы

Невежество порождает страх. Но как заинтересовать, никто не знает. Нужна хорошая база, чтобы осмелиться отправиться в путешествие в неизвестную страну. Сколько молодых людей действительно охвачено желанием поехать посмотреть мир! Ребенок мечтает о невероятных открытиях, о межзвездном плавании в поисках чудесных городов. У подростка тысяча проектов путешествий, в которых он перемещается с вокзалов в аэропорты, чтобы увидеть незнакомые пейзажи. Взрослый увязает в потребности ежедневной газеты. Культуру познания, открытия необходимо возделывать. Так как ее ростки есть в каждом, необходимо преодолеть ряд трудностей, чтобы встретиться с неизвестным. Путешественники встречаются на тех же пляжах, на тех же причудливых улицах, чтобы заменять знанием людей и стран чувство непривычной экзотики. Остается дождаться, когда общество станет настолько зрелым, чтобы отпустить граждан на свободу. Многие, имевшие это желание, испытывают нехватку средств.

Я хотел бы видеть, как открываются европейские агентства, позволяющие людям передвигаться по континенту, невзирая на коммерческие и экономические связи, навязывающие людям цели и направления поездки.

Я хотел бы видеть единую информационную сеть, стимулирующую многообразные местные, региональные и национальные инициативы, дающую возможность всем желающим знать о них и принимать участие.

Я хотел бы появления большого Интернет-форума, позволяющего людям общаться, не сталкиваясь с языковым барьером, благодаря системе общедоступного он-лайн перевода.

Я хотел бы, чтобы изучение языков, общедоступное и универсальное, стало превыше политики, давая возможность всем для понимания и обмена.

Я хотел бы, чтобы во всех странах существовали приемные пункты для размещения иностранцев, оптимизирующие их пребывание, занимающиеся вопросами жилья, питания, передвижения.

Я хотел бы, чтобы каждый гражданин Европы имел кредит для путешествия, чтобы путешествовать по континенту индивидуально и без ограничений.

Я хотел бы, наконец, чтобы создавались народные объединения, относящиеся ко многим культурам, чтобы сделать возможным для европейцев проживание и самовыражение, давать гражданам возможность встречаться.

Это – мечта…

13 avril 2006

7 propositions

7 rêves pour la Grande Europe

L'ignorance provoque la peur. Mais comment dès lors s'intéresser à ce que l'on ne connaît pas. Il faut une belle dose de culot pour oser l'aventure et s'avancer dans des pays méconnus. Combien de jeunes embrassent réellement ce désir profond de partir voir le monde? L'enfant rêve d'explorations fabuleuses, de naviguer entre les étoiles à la recherche de cités merveilleuses. L'adolescent a mille projets de voyages, sautant de gares en aéroports pour poser son regard sur des paysages bouleversants. Puis l'adulte s'enlise dans la nécessité du quotidien. La culture de la découverte reste à inventer. Car si ses germes sont en chacun, il reste une étape à franchir, difficile, pour aller concrètement à la rencontre de l'autre, des autres. Les voyageurs se retrouvent sur les mêmes plages, dans les mêmes rues baroques, pour substituer la connaissance des peuples et des terres à un sentiment d'exotisme dépaysant. Une maturité reste à inventer, quand la société s'ouvrira de la même façon sur toutes les destinations afin de rendre leur liberté aux citoyens. Si tant est que cette ambition existait, les moyens manquent.

J'aimerais voir s'ouvrir une agence européenne du transport citoyen pour permettre aux individus de se déplacer sur le continent hors des logiques économiques marchandes qui imposent leur vision du voyage et leurs destinations.

J'aimerais que se tisse un réseau d'information unique assurant la promotion des multiples initiatives locales, régionales et nationales afin de permettre à tous les volontaires de les connaître et d'y participer.

J'aimerais que naisse un espace de discussion européen, un grand forum internet permettant aux gens d'échanger sans se heurter à la barrière des langues grâce à un système de traduction en ligne librement accessible.

J'aimerais que l'enseignement des langues universel et populaire dépasse les politiques des nations pour offrir à tous la possibilité de se comprendre et d'échanger.

J'aimerais qu'il existe dans tous les pays un centre d'accueil et d'orientation où les étrangers seraient aidés à bien vivre leur séjour en l'optimisant, proposer des solutions d'hébergement, d'alimentation et de déplacements.

J'aimerais que chaque citoyen d'Europe dispose d'un crédit voyage pour que tous puissent découvrir individuellement le continent sans contrainte financière.

J'aimerais enfin que les nations montrent la voie en créant des rassemblements populaires multiculturels pour faire vivre et exprimer leur identité europréenne en offrant aux citoyens la possibilité de se rencontrer.

C'est un rêve...

12 avril 2006

Призыв

от Атлантики к Уралу

Призыв к пробуждению Европы

Будущее Европы будет проходить через Украину! Страна оранжевой революции становится местом соединения между Брюсселем и Москвой. Это шанс для народа ускорить ход истории в становлении гражданской Великой Европы.

Сегодня Украина находиться в странном положении: ни на Восток, ни на Запад. Результаты законодательных выборов 26 марта, кажется, подтвердили открытую политику, рожденную оранжевой революцией. Гражданское общество Украины взяло в руки свою судьбу. Даже разделенные главные действующие лица революции годичной давности могут претендовать на сохранение контроля над страной по отношению к про-русским соперникам, достигнув при этом наилучших личных результатов. Альянс Тимошенко, Ющенко и социалисты предоставил бы им абсолютное большинство в парламенте (Рада). Большого количества разочарований граждан Украины за последние месяцы все же не достаточно, чтобы подтолкнуть их к спасению в объятия московского соседа. История идет своим ходом и ничего, кажется, не должно отныне препятствовать вступлению на новый путь в этой части мира, размещающейся в пространстве, которое осталось создать между Брюсселем и Москвой. Следующему правительству необходимо будет начинать все заново, искать новое место на международной арене и они могут рассчитывать на боевой дух Юлии Тимошенко, чтобы отстоять свое самоопределение. Со всеми своими несоответствиями и своими контрастами, украинская нация собирается на данный момент покончить с ускоренным ходом своей истории в XX веке и, - несмотря на глубокий перелом, который порождает этот переход во всей стране - побудить Европу двигаться, наконец, в XXI-ом веке, подгоняя безжизненную организацию континента.

Это было сказано громко и сильно, как будто для того, чтобы тешить себя иллюзией смелого и разумного выбора. Европейский Союз не готов дать Украине путевку в жизнь и подготовить ее вступление. Это печально по нескольким пунктам. Сперва, из-за того, что элита Брюсселя постоянно сравнивает украинское положение с турецким вопросом, таким же абсурдным, как это может показаться. Эти две страны, безусловно, обеспечивают мощные сильные отношения взаимообменов, но не существует ни одного повода, чтобы подчинить будущее одной по отношению к другой, если это не является чистым вопросом дипломатического плана. Население стран Союза благосклонно к присоединению Украины, страны, чей европейский характер не подвергается никаким возможным оспариваниям. С того момента, можно только с горечью рассмотреть пугающую позицию Европейского Союза, которая заключается в дополнительной демонстрации технократами и даже депутатами ЕС их общего непонимания стремления народов. Сбитые с толку отказом конституционного проекта, они кажутся охваченными неким параличем. Неспособные понять желание населения, они, таким образом, решительно отворачиваются от идеи быть обязанными перестраивать организацию ЕС, прежде чем приступить к совершенно новому диалогу о будущем. Проблематика управления в двадцать пять после интегрирования Стран Центральной и Восточной Европы завоевывает превосходство над политическими вопросами, в то время как этого требуют граждане! Европа оказывается без горючего вследствие абсолютного разрыва между народами и их элитой. И эта трещина акцентируется, все отчетливее нейтрализуя всякую надежду на инициативу. В конце концов, вопрос Украины более чем жестокое разоблачение, так как он требует умения возобновляться, представляя будущее, рассматривая Европу как пространство для жизни граждан, а не только рынок.

Заочно перед Украиной открывается потрясающая возможность. Страна в состоянии занимать центральное место на европейском континенте на геополитическом уровне. Свои узкие связи, унаследованные в прошлом России, и свое сближение с Европейским Союзом придают ей чрезвычайно завидную позицию, будучи, в конце концов, не меньше чем федеративное государство новой формации, которую нужно будет, так или иначе, строить в ближайшие десятилетия: Великую Европу. Европейский Союз в одиночку не сможет противостоять международному давлению, выступающему за продолжение развития таких народов как Китай и Индия. Притесненные экономическим американским могуществом, японский технологический прорыв, затем жизнеспособность корейской экономики, Европейский Союз должен находить новых союзников, чтобы достигнуть размера способного сохранить устойчивость. В силу этого, интегрирование Стран Центральной и Восточной Европы было необходимым, но не достаточным.

Со своей стороны, Россия должна также компенсировать потерю своих прилегающих территорий. Положение Белоруссии позволило доказать, что Москва сохранила влияние на своих границах, но желанный намек на свободу, выраженный белорусским народом во время президентских выборов в марте этого года, приведет рано или поздно к крушению этой анахронической диктатуры, отпечатка другого времени. Это только вопрос времени. Тогда придет момент осуществить открытое сближение между Москвой и Брюсселем, идея, которая, впрочем, была уже запущена в ход, поскольку инициативы сотрудничества множатся в речах.

Нынешнее поколение, возможно, не увидят, как будет осуществляться этот великий проект, в упрек человеку в стремлении прыгнуть выше головы, чтобы себя вписать в историю. Во все времена нужны были исключительные лидеры, чтобы осмелиться переворачивать установленный ход событий и предложить необычный проект. Однако Великая Европа не является новой идеей. Она идет от Атлантики до Урала. Немного людей преуспевают в том, чтобы выйти за дипломатические приличия, для защиты на общественной трибуне таких амбиций, конечно, огромная, но беспредельная гуманность. Если не считать, что эта утопия стала необходимой в эпоху глобализации. Может быть, настало время разбудить Европу и ее молодежь, чтобы предпринять подобное строительство будущего.

Я призываю ко всем лицам доброй воли, молодых и взрослых, жителей стран Европейского Союза и всех остальных осуществить вместе этот глобальный проект жизни ...

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